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" Sois fainéant,

l'avenir t'attend.  " 

                                Coluche

1/5 des Français souffre de procrastination chronique. 

Soit une hausse de          400%   

au cours de ces 40 dernières années.

            Alors que le soleil de la Baie des Anges caresse mon imaginaire endolori, me suivant comme une groupie, y compris aux terrasses de la place Garibaldi qui, généreux en diable, proposent pendant une bonne partie de l’après-midi des verres de rosé pour le même prix qu’un coca, bref, alors que j’aiguise mes crayons depuis plusieurs semaines ( façon détournée de dire que je ne fous rien) en pensant à mon dossier de web, je me rends soudainement compte qu’il ne me reste à présent plus que quelques heure pour pondre un édito. Moi fainéant ? Jamais ! Procrastinateur, je le revendique !      Le fainéant va se contenter de ruminer vautré dans son magnifique canapé en cuir bon marché dans l’unique but de ne rien faire, n’ayant même pas conscience qu’en lui sommeille un procrastinateur né. Ne le blâmons pas, sa foi s’animera tôt ou tard, du moins, nous pouvons l’espérer.     Le procrastineur, lui, va mettre sur pied des projets sérieux, qu’il va ensuite s’appliquer à ne jamais mener à bout. L’artiste procrastinateur voudra dessiner, mais passera son temps à tailler ses crayons, faire des essais de couleur, remettre son projet en cause. Plus communément, chacun d’entre nous n’a-t-il pas, un jour, fait couler un café, puis bu celui-ci, puis lavé sa tasse, puis lu un article de plus dans le magazine people qui trainait sur la table de la cuisine, avant de réaliser qu’il était en retard pour son rendez-vous ? Et, ainsi ne pas remplir sa fiche de déclaration d’impôt, qu’on s’était pourtant juré, cette année, de rendre dans les temps. (Date limite le 15 Mai, à l’heure où vous lisez ceci il est déjà trop tard). 

Cessons de juger les procrastinateurs. Ces héros des temps modernes, ces activistes qui luttent continuellement contre « cette société de consommation et de capitalo-libéraux qui règnent sur nos vies d’occidentaux et tendent à mettre en avant les valeurs « travail », «efficacité », « rapidité », « rentabilité ». 

Evidemment, souvent, le procrastinateur échoue. Mais il échoue tellement bien que ça en devient artistique …  Ô toi, lecteur indigné, ne prend pas cet air supérieur. Tu lis ce texte médiocre, et qui n’a pour objectif que de te faire perdre ton temps, alors que tu pourrais lire l’œuvre complète de Proust, ranger ta chambre, engueuler tes gosses, réviser pour ton partiel, réfléchir à ce que tu peux repousser à demain, poursuivre ta lecture pour en apprendre plus.

La Journée mondiale de la procrastination est le 25 mars.

Une occasion de se mettre en mode "pause" et de réfléchir à notre monde moderne et au rythme de vie effréné qu'il nous impose.

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En marge d’un monde où tout va vite, la procrastination s’installe dans nos vies et nous parasite.

Le mal du XXIème dit- on. Le manque de confiance en soi, le refus d’autorité, le besoin de sensations fortes… Si la procrastination s’explique par de nombreux facteurs, l’ouvrage « It’s about time » dresse une liste non exhaustive des profils types :

  • Le perfectionniste qui perd son temps avec des détails

  • Le rêveur qui a du mal à se concentrer

  • L’inquiet qui a peur de l’échec

  • Le défieur qui veut tester ses limites

  •  Le créateur de difficulté qui s’ennuie trop vite

  • Le surmené qui accepte plus de travail qu’il peut en gérer

"BloquéS" au fond du canapé

Signé par les créateurs de Bref, cette série diffusé sur canal+ mettait en scène Orlsan et Gringe, alias les Casseurs Flowteur. Les épisodes de la série, d'une durée de deux minutes retracent la vie de deux jeunes affalée dans le canapé. Au menu, paresse, seconde degrés et discussion improbable.

Procrasweedation

Les Français, procratinateurs en chef sont également les premiers consommateurs de cannabis en Europe. Peut-être y-a-t-il un lieu à faire…

Deux étudiants sur un canapé, en manque de motivation. Faudrait vraiment s’y mettre. On commence par quoi ? Fallait faire quoi déjà ? Au pire, on fume un oinj et puis on voit… Si cette phrase est devenue culte et a même donné lieu à des groupes Facebook, elle représente bien le problème auquel l’étudiant est confronté.

Douce Marie Jeanne, foireuse d’exams. En 2014, le Figaro publie un rapport selon lequel la France compterait près de 2,5 millions d’étudiants. Le Monde ajoute en 2015 que 50% d’entre eux serait des procrastinateurs professionnels. On remet tout au lendemain, on révise les partiels à la dernière minutes, on fait nuit blanche pour rendre un dossier et le reste du temps, on chill. Mais alors qui a tué la motivation des étudiants ? Le Colonel Moutarde dans la cuisine ? Madame Pervenche dans la salle de bain ? Monsieur Cannabis dans le canapé n’a aucun alibi et les preuves s’accumulent.

Premier indice : les morceaux de cartons et les feuilles slim sur la table. Deuxième indice : le trou dans le budget de l’étudiant. Troisième indice : les yeux du jeune engorgés de sang qui lui donnent un air benêt. Quant à l’arme, presque aucun doute ! Monsieur Cannabis  utiliserait à chaque fois la même molécule nommée THC. Ladite, inhalée par les victimes, viendrait leur ôter la moindre once de motivation et les maintiendrait dans un état plus ou moins léthargique.

Selon le médecin légiste en charge de l’enquête, le THC agirait directement sur le psychisme et modifierait le rythme cérébral. Il provoquerait souvent une flemme inexorable chez l’étudiant qui se complait à dire qu’il sera plus productif demain. Le commissaire affirme que Monsieur Cannabis n’a pas agi seul et qu’il formerait avec Madame Procrastination un duo digne de Bonnie et Clyde. Elle activerait les zones de douleur dans le cerveau quand la victime doit faire quelque chose d’ennuyeux et la détournerait vers un plaisir plus immédiat : le oinj, qui finirait le travail. L’enquête n’est cependant pas terminée et il se pourrait qu’ils aient un autre complice…Monsieur Netflix

" 22 avril. Matinée très ensoleillée.
Aucune envie d'écrire.  " 

                          Victor Hugo

La procrastination est basée sur la culpabilité, face à une sagesse populaire qui dit « ne jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même ». Mais à quoi bon se sentir coupable dans un monde où Jacques Chirac et Marcel Proust sont érigés en légendes? Le premier se l’est coulé douce à l’Élysée pendant 8 ans, le second n’a commencé à écrire qu’à 42 ans et n’aura livré qu‘une oeuvre majeure. De sept tomes, certes. Si nos procrastinateurs contemporains ne seraient pas capables de tant, dans l’art ou dans la politique, ils continuent de mythifier cette pratique. Elle n’est pas réservée aux paresseux cancres de l’autre côté du périphérique, mais bien aux grands de ce monde, pas moins truands. Simplement car la procrastination semble inhérente à la nature humaine, sans distinction.

En 1991, « la Belle Noiseuse » (sublime Emmanuel Béart), remporte le grand prix du festival de Cannes. Le personnage principal est campé par Michel Piccoli. Un peintre vieillissant, obnubilé, rongé par un tableau inachevé qui devait être son chef-d’œuvre. Ils sont nombreux ces artistes, ces penseurs, le séant bien calé dans un support confortable et l'esprit vagabondant sans entraves qui ne termine pas, ou mal, leurs œuvres, à force de repousser le jour du dernier coup de pinceau.

En réalité, Alexandros d'Antioche avait peut-être tout simplement mis au lendemain la sculpture des bras de sa Vénus (et oui, Milo c’est bien le nom de l’île et non pas celui de l’artiste). Gilbert Bécaud et Pierre Delanoë ont écrit « Et Maintenant » en vitesse, et au dernier moment car il leur fallait une nouvelle chanson pour l’Olympia. John Lennon ne s’est pas embêté pour écrire ses chansons avec Yoko : Il suffit de prendre quelques drogues et d’attendre de rêver.

En témoigne le morceau « Dream. Gainsbourg, lui, a attendu la fin de sa relation avec Bardot pour lui écrire, en une nuit « Bonnie and Clyde » et « Je t’aime moi non plus » et la convaincre de rester. En vain. Pour sa tournée à Londres, il a même exigé un de prendre le ferry plutôt que l’avion pour avoir le temps d’écrire les chansons du set pendant le voyage, plus long. ». Idem pour le couplet de Jay Z sur « Crazy In Love », écrit en une dizaine de minutes, juste avant d’être enregistré. Ou encore, « Mortelles Pensées », écrite par Véronique Sanson, derrière sa liste de course, après des mois et des mois de relance des producteurs. Mais l’ultime procrastinateur, celui qui domine tous les autres, c’est bel et bien Dieu lui-même.

Certes, il a créé coup sur coup, la lumière, la terre, les mers, l’homme, les animaux, le ciel, les animaux encore (il en manquait), les étoiles, et ce ne serait pas bien étonnant qu’au passage, peut-être même sans faire exprès, Dieu ait créé l’art de la procrastination. Le septième jour, il décida de se reposer. Et depuis, malgré les prières incessantes de ces milliards de fidèles, Dieu se fait désirer. Il rumine tout seul là-haut. En attendant de trouver la motivation de créer autre chose.

Les hommes politiques manient particulièrement bien l’art de remettre au mandat suivant ce qui eût été urgent d’accomplir au cours du leur. Au-delà des nombreuses réformes dont les Français ne veulent pas, il y a celles qu’ils réclament en vain. À titre d’illustration, le dossier Fessenheim, ouvert il y a plus de 5 ans : François Hollande n’a jamais réussi à trancher, il l’a alors gentiment fait trainer, puis légué à son successeur, Emmanuel Macron. Parfois il faut savoir éveiller le procrastinateur qui sommeille en soi, pas seulement par soucis de surmenage mais aussi pour faire mûrir certaines réflexions, élaborer certains stratagèmes. Des dilemmes à la hauteur des responsabilités. « Révéler sa capacité à mener plusieurs combats en même temps », c’est ce qu’on apprend en cours de développement personnel, à l’ENA. Le président-élu, qui sort de cette grande école, devra aussi composer avec une remise en question d’un interminable état d’urgence, qu’aucun leader n’a remis en question. Surement par flemme de trouver d’autres mesures durables, surtout par peur de se confronter à la foudre du peuple. Car même Jacques Chirac, procrastinateur en chef, le sait « le peuple a toujours raison ». Mais quand 20% de la population souffre de procrastination chronique, son chef d’État ne se doit-il pas d’en être le reflet?

Playlist de la rédac... 

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